Petite note à l’attention des visiteurs

Chaque fois que c’est possible, ce blog a pour objet de montrer, de proposer ou d’inciter, de jouer le rôle de passeur.

Ce n’est pas un blog d’universitaire(s), d’historien(s), de musicien(s) ou d’écrivain(s), mais un blog de lecteur(s), de mélomane(s), et de passionné(s) exigeant(s).

Sur les thèmes choisis :

La Grécité est un véhicule, un voilier poussé par le souffle de l’esprit, parfois gaillard, parfois en avarie, parfois au mouillage, parfois à l’abordage, un fil d’Ariane qui de transformations en permanences, permet de découvrir le monde. C’est pourquoi son interaction avec les autres cultures est au coeur de ce blog. Interagir, ce n’est pas nier son identité ; c’est lui donner plusieurs dimensions, s’affirmer dans la rencontre, c’est avoir la force de donner et de prendre (prendre, plutôt que recevoir), c’est choisir, sélectionner, avancer, ou pas, affronter ou coopérer, selon les époques, les circonstances, les capacités, et selon sa volonté propre. C’est refuser de se muséifier, et donc de mourir. En un mot, c’est vivre.

Le visiteur aura noté qu’un accent particulier est mis sur la période médiévale, dite « byzantine ».

Difficile d’essayer de comprendre la culture grecque moderne sans tomber sur la civilisation byzantine.

L’Empire romain d’Orient, également dénommé « Empire byzantin », est généralement présenté comme une synthèse culturelle du christianisme oriental et du monde gréco-romain (tel qu’il existait à l’époque de l’antiquité tardive, et non à l’époque classique). Il est largement inconnu ou méconnu du grand public, en France et en Europe occidentale. Il est même caricaturé par nombre d’intellectuels grecs.

Il y a forcément un gouffre entre l’homme moderne et l’homme du Moyen âge. Pourtant quand on plonge dans leurs racines, on se rend compte que les Grecs d’aujourd’hui sont les héritiers directs de la civilisation byzantine, et pour une bonne part, des héritiers directs des Byzantins eux-mêmes – du moins, de ceux qui avaient le grec pour langue maternelle, ce qui n’était pas le cas de tous les Byzantins. On s’en rend compte, parce qu’on ne peut pas faire un pas sans tomber sur elle.

Dans les églises, dans les prénoms et les patronymes, dans la langue, dans le patrimoine littéraire, musical, architectural, le monde grec est profondément byzantin et il ne paraît pas exagéré de considérer que de tous les peuples modernes, les Grecs sont ceux qui réunissent le plus de traits culturels du monde byzantin. L’Europe occidentale et le monde musulman doivent aussi beaucoup à la civilisation byzantine : malgré les déperditions et les transformations, malgré aussi, certaines périodes obscures, celle-ci a servi, entre autres, à relayer une partie de la culture ancienne et à la transmettre tant à l’Orient qu’à l’Occident.

Les « Byzantins » étaient appelés « Grecs » par les Occidentaux. Eux-mêmes s’appelaient « Romains », parfois « Gréki » et plus rarement « Hellènes », terme devenu synonyme de « païen ». Certains « Byzantins », comme l’intellectuel Gémiste Pléthon, revendiquèrent le retour à cette appellation dès le Moyen âge. Il était lui-même néo-païen (comme certains Grecs d’aujourd’hui, là encore). « Nous participons au peuple et à la langue des anciens Grecs et nous en sommes les successeurs » : l’auteur de cette phrase n’est pas un Grec moderne fasciné par l’antiquité, mais Théodoros Métochitis (Théodore Métochitès), un « Gréco-Romain » du Moyen âge, un « Byzantin » né en 1270, mort en 1332…

On retrouve dans cette civilisation, des clivages ou des controverses qui traversent toujours le monde grec (langue savante contre langue populaire, goût pour l’antique – ou archéolatrie – contre religiosité chrétienne, tentatives de synthèse ou de coexistence de ces éléments, complexité des rapports avec les peuples d’Europe occidentale, entre périodes de rapprochement et périodes d’incompréhension réciproque). Vous voulez des sources ? Suivez le blog.

« L’Empire byzantin était multiethnique ». L’historien moderne nous apprend qu’en plus des grécophones « de naissance », cet Empire comptait des Géorgiens, des Arméniens, des Slaves, des Syriaques, et d’autres encore. Comment l’historien appelle-t-il le Byzantin qui n’était ni un Géorgien, ni un Arménien, ni un Slave, ni un Syriaque, et qui ne parlait que le grec ? Il ne l’appelle pas…  C’est juste un « Byzantin »… comme les autres ! Personne ne ressemble plus à ce « sans-nom », que le Grec moderne.

L’Empire romain et le christianisme n’ont pas seulement marqué l’Europe occidentale. Ils ont aussi fait évoluer le monde grec, d’une façon assez différente.

Au final, cela intéresse peu de monde. Dès le 19ème siècle, la publicité qui entoure le tourisme a mis en avant l’antiquité, au détriment de tout le reste. L’identité grecque n’est vue que sous la comparaison entre les Grecs modernes et « l’antiquité ». Et encore, pas « toute« l’antiquité » mais plutôt « une certaine antiquité », bien précise : la période classique, au détriment de toutes les autres – notamment celle qui suivit les conquêtes d’Alexandre en Orient, ou la période gréco-romaine. Souvent aussi, ce regard est limité à une géographie bien particulière, la Grèce continentale et les îles… Au détriment de cette extension qui fit que les Grecs assimilèrent progressivement Cariens, Phrygiens et autres, dans un espace bien plus étendu et divers, selon un processus dont il reste encore des traces et des héritiers.

On n’applique à aucun autre peuple d’Europe ce raisonnement binaire et primaire, cette exigence, faite au présent, de ressembler  à une période précise du passé. Et ce, alors même que dès l’antiquité tardive et jusqu’au Moyen âge, le continent européen a connu nombre de transformations, sur le plan religieux et culturel. Cette obsession de l’antique est source de préjugés négatifs et de jugements à l’emporte pièce.

Conséquence inévitable, une méconnaissance profonde de toutes les évolutions culturelles, qui font du monde grec une source d’émerveillement permanent, une synthèse qui répond aux thèses et aux antithèses simplistes des polémistes de tous bords : production culturelle propre, échanges mutuels avec l’Egypte et l’Orient ancien, formation du monde gréco-romain, christianisation du monde gréco-romain, période médiévale… Méconnaissance, aussi, de la culture populaire, et notamment de cette diversité de parlers grecs qui témoignent de la survivance d’un enracinement grec – dans des territoires aussi divers que l’Italie du Sud, la Crète ou Chypre. Et de ce fil d’Ariane donc, qui relie malgré tout passé et présent, dont la manifestation la plus flagrante est la langue grecque, dans ses persistances et ses évolutions.

C’est à dessein que ce blog propose, entre autres, des suggestions de lectures et des recensions sur l’ensemble de ces thèmes.

Nous sommes contraints par le temps il est vrai, pour aborder autant qu’il le faudrait et avec régularité la création contemporaine de ces Byzantins des temps modernes que sont les Grecs du 21ème siècle, confrontés comme chacun à ce monde qui change. Pour compenser, le choix est fait d’aborder les aspects les moins connus ou les plus surprenants, comme la BD grecque.

Une observation technique :

Suite au piratage du site philiki.org*, Philiki a  entièrement basculé sous format blog. Avant cela le blog ne servait qu’à la sauvegarde de certains éléments du site.

Ceci peut entraîner des perturbations sur certaines pages, notamment sur les anciens articles transférés du site, vers le blog.

Bonne visite

 

PL

* Pour info, capture d’écran du site philiki.org piraté en 2014, avec un texte insultant en anglais et du texte en turc (on cherche toujours le rapport avec Philiki…):

piratagedephiliki

 

 

 

 

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2 comments on “Petite note à l’attention des visiteurs
  1. NK dit :

    J’adore  »Philiki ».

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