Musique ancienne – la musique grecque du Moyen-âge (m. à j.)

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Joueur d’instrument à trois cordes, que l’on peut classer dans la famille du pandouras antique, du tambouras médiéval et autres « trichordo » grecs. Le futur bouzouki appartient également à cette famille et présente la particularité, par rapport aux instruments plus anciens, d’avoir une ouïe centrale importante et des frettes fixes. Mosaïque grecque du Moyen-âge, 6e siècle après J.-C. ; source de l’image http://www.rebetiko.gr


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** MUSIQUE ANCIENNE

* LA MUSIQUE GRECQUE DU MOYEN AGE


La musique « byzantine » vocale est connue. Quand on parle de musique byzantine, on fait généralement référence aux chants liturgiques orthodoxes.

Pourtant, il existe également une musique instrumentale byzantine.

Comme la musique classique, elle a eu ses compositeurs (Ksenos Koronis, Manouil Chrisafis l’ancien, Ioannis Koukouzelis, Balasios, Parthenios de Milos, Grigorios Protopsaltis et beaucoup d’autres) et ses instruments (Kanonaki, lyres, tambouras, syringe – flûte etc). Il se dit qu’à l’époque de l’Empire romain d’Orient, le Kanonaki accompagnait l’Empereur jusqu’à la porte de la Basilique. A l’intérieur des églises orthodoxes, seules finirent par être autorisées les voix humaines.

Voici l’un de rares disques de musique instrumentale grecque du Moyen-âge disponibles dans le commerce en France. « Le meilleur de la musique Byzantine du 12 au 20ièmes siècles », par l’Orchestre byzantin d’Athènes (Vyzantini orkhistra Athinon) :

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« Le meilleur de la musique Byzantine du 12 au 20ièmes siècles », par l’Orchestre byzantin d’Athènes (Vyzantini orkhistra Athinon)

Pour écouter :

http://musique.fnac.com/a654723/Musique-traditionnelle-grecque-Le-meilleur-de-la-musique-Byzantine-du-12-au-20iemes-siecles-CD-album?PID=2&Mn=-1&Ra=-28&To=0Ν=15&Fr=0#ecoutes

Le système musical byzantin est principalement utilisé pour les chants sacrés orthodoxes ; selon certains auteurs il serait en partie hérité du système antique (cependant, il ne s’agit pas du même système). Il connut lui-même plusieurs réformes au fil des siècles. L’écriture musicale byzantine n’avait rien à voir avec le système de notation des notes de musiques qui s’est développé en Europe de l’Ouest. Le système de notation actuellement en vigueur  ressemble à cela :

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Le système de notation de la musique sacrée orthodoxe tel qu’utilisé aujourd’hui dans le monde grec

Depuis peu, certains musiciens grecs explorent une nouvelle voie, en transposant les chants des églises en musique de chambre, sur tous types d’instruments. Comme le groupe « Vyzantino ikhokhroma » dont voici une video en libre accès mise en ligne par le groupe : http://www.ixoxroma.gr/ (https://www.youtube.com/watch?v=gryLW5PhnTI)

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L’orchestre Romana, dirigé par Manolis Karpathios, remet également la musique byzantine instrumentale sur le devant de la scène (voir sa chaîne officielle Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCmUELz4laNIKreZ5XIbqYNg)

Pour ceux qui ne la connaissant pas, l’évolution de la musique grecque du Moyen-âge est le « chaînon manquant » dans la compréhension de la musique grecque, et de celle de ses voisins de l’est.

L’ethnomusicologue français Alain Daniélou considérait que « la musique grecque ancienne était de type modal […]. Les théoriciens arabes ou turcs se sont entièrement basés sur la théorie grecque […] . Il n’est donc pas surprenant qu’en Grèce même nous retrouvions, souvent à un assez haut niveau artistique des formes musicales directement dérivées de la musique grecque antique et ce sont justement ces formes que, parce qu’elles diffèrent, fondamentalement de la musique contrapuntale et harmonique italo-germanique, on a tendance à considérer comme d’origine turque ce que rien ne paraît justifier. C’est en fait la musique de l’empire turc qui a subi une influence profonde de la tradition grecque. » (« Grèce, musique traditionnelle », Auvidis-Unesco – D 8018)

Alain Daniélou, plus connu pour sa connaissance de la musique indienne, a expliqué la théorie musicale grecque ancienne dans plusieurs de ses ouvrages, et commenté un certain nombre de disques tel que celui-ci :

 

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« Grèce, musique traditionnelle », Auvidis-Unesco (D 8018)

Ce disque aborde de manière synthétique les traditions musicales de plusieurs régions du monde grec.

Avec la musique persane, la musique grecque ancienne est souvent présentée comme une des mères des musiques classiques arabe et ottomane : les Arabes en apprirent les principes grâce à l’influence culturelle grecque continue qui dura au Proche-Orient, des conquêtes d’Alexandre jusqu’à la disparition de l’Empire romain d’Orient (l’Empire « byzantin »). Rares sont les ouvrages sur la musique arabe à ne pas évoquer l’influence de la musique grecque ancienne sur les théoriciens de culture arabe ou persane, dont Al-Farabi (et son « Grand traité de la musique » –  « Kitabu L-Musiqi Al-Kabir »). En arabe également, c’est par le mot d’origine grecque, devenu universel, que l’on désigne en général la musique : « musiqa » ou « musiki » (voir « Vocabulaire de l’islam: « Que sais-je ? » n° 3653 »,  même s’il existe aussi  un autre mot distinct, « malahi »). Les débats portent en général sur le degré de « nouveauté » introduit par les musiciens de culture arabe. Quoi qu’il en soit, les « échos » (modes) de la musique byzantine (et plus tard les « dromi » de la musique populaire grecque, les « chemins », au singulier « dromos »), c’est à dire les modalités sur lesquelles se jouent la musique, et les « maqams » arabes, relèvent  de la même notion, du même principe, bien que le contenu précis des différents « modes » puisse différer. Ces modalités ont un contenu plus complexe que la notion de « mode majeur » ou « mineur » que nous connaissons dans la musique occidentale/internationale. De leur côté, les musiciens de la cour ottomane, issus de toutes les ethnies de l’Empire, adoptèrent une terminologie musicale largement arabo-persane, à travers notamment les noms de modes, même si le contenu de ces modes et la théorie musicale se sont quelque peu différenciés. Le jeu consistant à comparer les « maqams » de Constantinople et les « échos »/modes de la musique byzantine montre également que des noms différents, peuvent parfois désigner en pratique des « modes » construits de façon assez similaire ; comme s’il s’agissait dans ces cas, de deux langages désignant à peu près la même chose. On ne peut exclure l’influence byzantine, en raison notamment de la survivance du chant d’église byzantin et de la présence de nombreux musiciens grecs, passés au service des conquérants à Constantinople.  Inversement, l’évolution du solfège en Italie et dans le reste de l’Europe occidentale éloigna progressivement l’Ouest de l’Europe de la musique ancienne. Le chemins pris furent différents.

Aujourd’hui, l’ironie de l’histoire est que pour le non initié (et parfois pour les Grecs eux-mêmes), ces sonorités particulières sont interprétées, à tort, comme explicables uniquement par une influence orientale récente sur la musique grecque… En réalité, les courants musicaux grecs restés les plus fidèles aux théories musicales antique ou médiévale ont toujours fonctionné sur le principe des « modalités », ainsi qu’un certain nombre d’autres traditions musicales anciennes.

Les instruments byzantins ont évolué. Mais plusieurs de leurs descendants sont encore en usage aujourd’hui, comme ceux de la famille du Psaltirion.

 

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On retrouve de nombreuses représentations du « Psaltirion » sur les icônes et manuscrits grecs du Moyen-âge (ici, sur un manuscrit du Mont Athos).

Cet instrument connut de nombreux dérivés ; l’un de ceux-ci, est également connu sous le nom de « Kanonaki ». Le Psaltirion était déjà utilisé par les musiciens grecs de l’Empire romain d’Orient depuis le Haut Moyen-âge (voir Νίκος Μαλιάρας Βυζαντινά Μουσικά Όργανα Αθήνα 2007, Εκδόσεις Παπαγρηγορίου-Νάκα). En Orient, le « kanonaki » est connu sous le nom de Qanûn, mot qui provient vraisemblablement du mot grec « canon« , le principe, la règle. Selon certains, c’est sur un instrument de ce type que le savant persan Al-Farabi aurait étudié la théorie musicale grecque et qu’il l’aurait faite connaître à tout le monde arabo-persan. On connaît les apports de la culture grecque à l’Occident ; cependant la théorie musicale est l’un des domaines qui illustre également les apports de la culture grecque à l’Orient et au monde arabo-musulman.

Dans l’antiquité grecque le « canon » était un instrument à une seule corde qui servait également à expliquer aux élèves la théorie musicale.

Cet article n’est qu’une présentation générale ; il sera régulièrement remodelé. L’annonce des mises à jour se fera sur la page Facebook https://fr-fr.facebook.com/PhilikiCulturegrecqueBDgrecque/ Ce sujet complexe mérite de nombreux développements, citations de sources, etc., et pourrait faire l’objet d’un travail plus approfondi.

Signé : P.L.

Dernière mise à jour : février 2019

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