Peu de philhellènes connaissent Emile Legrand (1841-1903).
On lui doit pourtant, avec d’autres comme le grec Constantin Sathas (1842-1914), d’avoir fait découvrir aux Français du 19ème siècle des pans entiers de la littérature grecque. En traduisant ou en éditant des textes allant du Moyen âge (comme l’épopée de Digénis Akritas) jusqu’à son époque.
Son principal mérite est d’avoir su sortir de la fascination monomaniaque pour la Grèce ancienne qui hantait la plupart de ses contemporains. Une fascination qui a forgé cette image parcellaire de la culture grecque, totalement déséquilibrée, limitée à l’antiquité classique, causant cette ignorance crasse, palpable encore aujourd’hui, pour tout ce que la grécité a produit au Moyen âge et aux époques plus récentes.
Grâce à Internet, l’oeuvre d’Emile Legrand se perpétue.
Ses traductions, libres de droit, sont faciles à trouver sur la toile (au format .pdf notamment), gratuitement. Elles comportent souvent une reproduction du texte grec sur lequel elles se fondent.
Il est bien sûr important de faire travailler les traducteurs modernes, qui font vivre cet intérêt pour la culture grecque, écrivent dans un langage qui nous est plus familier et disposent de davantage de sources que leurs prédécesseurs du 19ème siècle.
Mais pour qui veut s’initier à la littérature grecque médiévale, le travail d’Émile Legrand – on trouve parfois son nom sous la forme truculente Αιμύλιος Λεγράνδιος dans les éditions en langue grecque qu’il a préfacées – offre une première approche très accessible.
Nombre de ses traductions figurent dans la collection intitulée « Collection de monuments pour servir à l’étude de la Langue Néo-Hellénique ».
On peut suggérer une recherche sur ANEMI, la remarquable bibliothèque en ligne de l’Université de Crète, avec les items « Collection de monuments pour servir à l’étude de la Langue Néo-Hellénique » ou « Emile Legrand » :
http://anemi.lib.uoc.gr/search
Si vous passez par le cimetière du Montparnasse, ayez une pensée devant la tombe d’Emile Legrand.
En attendant, à vos liseuses, tablettes ou ordinateurs pour découvrir la littérature grecque médiévale. Entre autres…
Panayiotis Lipsos
[…] Découvrir la littérature grecque grâce à Emile Legrand […]
[…] A la fin du 19ème siècle, les grandes villes du Pont sont un foyer de culture grecque, qui échange avec le reste du monde ; en 1875, c’est d’ailleurs grâce à l’aide de Savvas Ioannidis, professeur à l’école grecque de Trébizonde, qu’Emile Legrand fait découvrir au public français une des versions de ce texte fondamental de la littérature grecque « byzantine » : « Les exploits de Digénis Akritas : Epopée byzantine du dixième siècle publiée pour la première fois d’après le manuscrit unique de Trébizonde » (C. Sathas et E. Legrand. Paris 1875 – lire sur Philiki « Découvrir la littérature grecque grâce à Emile Legrand » https://philiki.org/2016/08/18/decouvrir-la-litterature-grecque-grace-a-emile-legrand/). […]