Chronique : Acropolis Bye Bye de Ian Balzan Dorizas

couvertureEn 2014, à notre grande surprise, le Père Noël déposait sous notre vieux sapin béarnais en plastique, l’album Acropolis Bye Bye de Ian Balzan Dorizas.

Sang-mêlé toulousain né à Paris et comptant quelques ancêtres grecs, multi-instrumentiste et polyglotte, notre chanteur et musicien avait déjà officié au sein du groupe Balnaviko, interprétant avec fidélité le répertoire du Rébétiko (la musique populaire urbaine née entre le port du Pirée et celle qui s’appelait encore Smyrne, sur les bords d’une Anatolie alors multi-ethnique, au début du XXème siècle). Mais également au sein de la Paka Paka Corporation, fusionnant les traditions de la Méditerranée et du Sud-est européen.

Acropolis Bye Bye, c’est tout autre chose.

Le nouvel album est sous-titré « Greek Revival Music » que l’on aurait envie de traduire aussi bien par « Musique du renouveau grec » que par « Musique grecque du renouveau. »

Les sons y sont éclectiques, à l’image de l’artiste (basse, batterie, guitare, lyre crétoise, bouzouki, tuba, banjo et d’autres instruments moins connus) et les paroles en français, en grec, ou en anglais.

Un album tantôt onirique, tantôt ironique, tantôt nerveux, urbain, varié avec une unité qui serait le doux va et vient que fait le bercement d’un bateau amarré au port.

Et pourtant avec ces chansons, le bateau a décollé, on voyage dans un univers musical très contemporain, très personnel, dans une autre Méditerranée, une autre France, une autre Grécité.

Acropolis Bye Bye évite à chaque fois le cliché culturel, la World music commerciale, ou encore la nostalgie dégoulinante et la petite leçon de morale politiquement correcte et facile qu’on retrouve dans pas mal de chansons grecques depuis que sévissent la « Génération du polytechnio » et ses héritiers spirituels.*

Dans ses morceaux, Ian Balzan fait parfois penser à un personnage à la croisée de ceux des westerns de Sergio Leone et  du film Rébétiko (encore une fois, la nostalgie dégoulinante en moins), qui viendrait avec son bagage musical très riche, se balader dans les rues d’Athènes et donner une grande claque aux cultureux de tous bords en leur disant de se réveiller et d’aller de l’avant.

Souhaitons-lui de continuer avec cet esprit de liberté, et remercions-le pour ce moment d’évasion.

Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=x5oY_c5BWTg

Le site de l’album: http://acropolisbyebye.com/index.html
La page Facebook : https://fr-fr.facebook.com/pages/Acropolis-Bye-Bye/588202374560027

Panayiotis Lipsos. – le 05/01/2015

Mise à jour du 22/01/2015:

Le clip de Minore Desperado, premier titre de l’album, par « Miracle » (lien vers la chaîne Youtube):

lienversyoutubeminoredesperado

* En 1973, la junte des colonels grecs donnait l’assaut sur l’Ecole polytechnique d’Athènes où s’étaient révoltés des étudiants hostiles à la dictature. Il ne s’agit pas de s’en prendre à ceux qui ont eu le courage de se soulever, mais cette révolte a donné son nom à une génération, la génération de l’école polytechnique, en grec « η γενιά του Πολυτεχνείου » qui a occupé le devant de la scène culturelle et médiatique grecque après la chute de la dictature, et qui l’occupe encore en partie, en ce premier quart du XXIème siècle. Cette génération a profondément déposé son empreinte. On est en droit de penser que cela s’est fait au détriment de la visibilité des nouvelles générations pourtant très productives culturellement, et que cela a longtemps empêché l’émergence de thématiques plus adaptées aux temps nouveaux.

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Publié dans δ / Musique Μουσική

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