Le boulgari crétois, le tambouras et le bouzouki : présentation et recherche bibliographique – Το κρητικό μπουλγαρί, ο ταμπουράς και το μπουζούκι : παρουσίαση και βιβλιογραφική έρευνα

(Reprise d’un billet paru en 2010 sur l’ancien site de philiki.org qui tournait sur Joomla et encore disponible sur Wayback Machine ; il a pu être constaté que certaines parties de ce texte avaient été manifestement reprises par des tiers qui se sont abstenus d’en citer la source ; la date des ajouts autres que de pure forme est mentionnée).

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Léonidas Laïnakis au boulgari crétois

Par PL

* Introduction

* Le boulgari crétois et ses homonymes d’ailleurs

* Le tambouras

* La Pandoura/le Pandouris antique : essais de reconstitution

Le boulgari crétois est un instrument de musique à cordes pincées, qui connaît une certaine renaissance, tout en demeurant assez peu connu du grand public.

Le joueur de boulgari crétois, Léonidas Lainakis

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Un instrument de la famille des « tambouras ».

Les Grecs classent le « boulgari crétois » (en grec ΄΄το μπουλγαρί΄΄) dans la famille des « tambouras » (instruments à cordes, à ne pas confondre avec les tambours à percussion). Jusqu’au début du XXe siècle le nom de « tambouras » désigne en Grèce la famille des luths à manche long qui regroupe une grande variété d’instruments (Greek popular musical instruments, Fivos Anoyanakis, Fivi Caramerou, Melissa, 1991 page 209).

Le « boulgari crétois » est l’un d’entre eux. C’est même le seul à avoir résisté au processus de modernisation intense introduit par le bouzouki moderne (qui reprend de nombreux éléments de lutherie moderne semblables à ceux de la mandoline). En Grèce continentale et en Thrace grecque, le tambouras a cédé la place aux instruments modernes.

Morphologiquement la famille des tambouras grecs ressemble à celle du tamboura slave, du colascione (colachon) d’Italie du Sud, du baglama saz d’Anatolie, du tanbur kurde ou du sehtar persan. (cf note sur le tambouras et la pandoura – infra)

Le boulgari crétois et ses homonymes d’ailleurs

Qu’est-ce que le « boulgari crétois »?

Il existe une grande confusion autour du terme « boulgari ».

Le terme « boulgari » existe sous différentes orthographes, dans d’autres régions de Grèce, d’Europe orientale et du Proche Orient. 

A cause de cette homonymie certains ouvrages parlent du « boulgari » comme d’un instrument unique, et en attribuent la paternité à tel ou tel peuple (voir le Grove Dictionary of Musical Instruments, aux éditions Oxford University Press).

Pourtant l’étude des sources laisse circonspect ; en évitant les considérations « nationalistes » de quelque pays qu’elles viennent (parfois reprises sans aucun recul dans certains ouvrages), et les raccourcis faciles, la question de l’origine du boulgari apparaît dans sa complexité et doit sans doute conduire à plus de réserve.

Comme nous le verrons l’étude des sources bibliographiques et historiques établit en effet que le mot « boulgari » a désigné plusieurs instruments de la famille des « tambouras »/ »tanbours » (nom d’origine persane, indo-européen, proche d’un terme similaire existant en sanskrit), répandue en Europe orientale et dans tout le Proche-Orient et commune à plusieurs peuples : boulgari crétois,  tambur bulgari (ou bulghary), bulgari saz (voir infra).

Les caractéristiques techniques de ces instruments ne sont pas les mêmes (nombre de cordes, emplacement de l’ouïe, taille, etc). Malheureusement, les textes qui parlent de « boulgari » sans en fournir une illustration sont nombreux ; en l’état de nos recherches, les seuls boulgaris anciens que nous ayons pu « voir » sont les boulgaris crétois à six cordes, que l’on peut observer encore aujourd’hui entre les mains de quelques musiciens crétois, et les planches illustrant un « tanbour boulghary » à quatre cordes  vu en Egypte par l’expédition de Napoléon dans la « Description de l’Égypte », illustration reprise dans « l’Histoire générale de la musique depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours » de François-Joseph Fétis (tome 2, page 125, PARIS, 1869).

Les noms des instruments grecs, slaves, turcs, persans, kurdes et albanais peuvent prêter à confusion car il n’existait pas de nomenclature officielle pour désigner les instruments de musique dans la musique populaire de cette partie du monde. Des classifications ont établies a posteriori par certains ouvrages ou auteurs dans chacun de ces pays, ou par les doctes musicologues occidentaux. Mais coller ce type d’étiquettes rigides, académiques et définitives à ces instruments, c’est nier leur origine populaire, diverse, complexe et obscure.

Cette difficulté  concerne également le boulgari et tous les types de tambouras de sorte que toute conclusion fondée uniquement sur le nom des instruments est hasardeuse en raison des nombreuses homonymies (Greek popular musical instruments, Fivos Anoyanakis, Fivi Caramerou, Melissa, 1991 page 209). Le même mot ou un mot similaire, ne désigne pas nécessairement la même chose, dans l’espace que recouvraient successivement le monde hellénistique, l’Empire romain d’Orient, l’Empire ottoman, l’Europe orientale et le Proche Orient modernes.

En Crète

En Crète l’instrument nommé « boulgari » possède six cordes allant par paires (on parle de « trois doubles cordes » – « διπλές χορδές »), et six chevilles ainsi qu’une ouïe placée exclusivement sur le côté droit de l’instrument.

Il se joue avec un plectre en forme de plume comme le luth crétois.

Le manche est muni de frettes amovibles bien que certains musiciens tels Foustaliérakis les aient remplacées par des frettes fixes.

La corde faisant office de bourdon est appelée « bourgana », « bourgara » ou « vourgara » (en grec «μπουργάνα», «μπουργάρα» ou «βουργάρα») et aurait donné son nom à l’instrument.

Il est impossible de donner une date de l’apparition du boulgari crétois.

Le boulgari était déjà un instrument crétois au XIXe siècle aussi bien parmi les populations chrétiennes que musulmanes (témoignages cités dans Chania 1252-1940, de Giannis Tsivis éditions Gnosi Athènes 1993 – Γιάννη Δ. Τσίβη Χανιά 1252-1940, εκδ. Γνώση, Αθήνα 1993).

Dans « Letters from Crete, Letters written during the spring of 1886 » (London, 1887, page 191) Charles Edwardes décrit un boulgari.

L’idée parfois diffusée selon laquelle ce boulgari aurait été implanté en Grèce et notamment en Crète par les réfugiés d’Anatolie après les années 1920 semble donc fausse (cette idée a été diffusée notamment par Roberto Leydi et Tullia Magrini dans « Musica popolare a Ceta », éd. Ricordi 1983, page 92 et reprise telle quelle dans plusieurs ouvrages).

En Bulgarie et  ailleurs

Dans ses « Recherches sur l’analogie de la musique avec les arts qui ont pour objet l’imitation du langage », le musicologue français Guillaume André Villoteau désigne le « tanbour boulghari » comme une « guitare de Bulgarie »,  instrument à seulement deux cordes (Guillaume André Villoteau,  »Recherches sur l’analogie de la musique avec les arts qui ont pour objet l’imitation du langage  », Paris Librairie impériale, 1807, p. 533).

Dans la célèbre « Description de l’Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’Armée française » Volume 13 (éd. Charles Louis Fleury Panckoucke avec la contribution de Villoteau), les savants français utilisent également la classification en « tanbours » pour désigner la famille des « tambouras » ; ils indiquent n’avoir jamais vu un Egyptien jouer du « tanbour », et décrivent le « tanbour bulghary » (pages 275 et suivantes, 2de édition) comme un petit instrument de seulement 57,8 cm de long à quatre cordes (deux doubles cordes, à en juger par l’illustration correspondante).

Dans son « Dictionnaire pratique et raisonné des instruments de musique anciens et modernes » (Paris 1886) Albert Jacquot cité également le « tanbour boulghary » (page 229) et d’autres « tanbours ».

Dans son « Histoire générale de la musique depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours » tome 2 (PARIS, 1869) page 126, François-Joseph Fétis rappelle la description que Villoteau avait faite des « tanbour bulghary » à quatre cordes vus en Egypte. Mais Fétis indique que lui-même possède un boulgari d’un autre type, plus long, à six chevilles et six cordes, qui paraît davantage correspondre au boulgari crétois ; malheureusement il ne précise pas où il l’a acquis. 

François-Joseph Fétis  classe cet instrument parmi les « tanbours » qui selon lui appartiennent à une grande famille d’instruments existant depuis l’antiquité (ibid page 111), qui était déjà « d’un usage général en Orient » à l’époque d’Al Farabi (IXe siècle, ibid page 112). Cela correspond à la classification également utilisée par les musicologues grecs.

Ailleurs en Grèce, et en Crète

Selon plusieurs témoignages, la nom de « boulgari » était donné à ce que l’on nomme aujourd’hui « baglama grec » (le plus petit de la famille des « trois cordes » grecs) dans la région de Messénie (magazine en ligne « klika », ΄΄αναφορά στον ταμπουρά΄΄, article d’Eléni Spyropoulou, novembre 2006). 

Ajoutant à la confusion, le nom de boulgari a pu désigner des instruments différents, même en Crète (le luthier crétois Manolis Malliotis, né en 1894, aurait donné le nom de boulgari à un instrument de taille plus petite que ce que l’on nomme aujourd’hui « boulgari crétois » – Greek popular musical instruments, Fivos Anoyanakis, Fivi Caramerou, Melissa, 1991 page 209).

Dans son ouvrage « Greece and the Balkans : identities, perceptions and cultural encounters » au chapitre intitulé « The Cretan Muslims and the Music of Crete », page 210 Dimitris Tziovas s’étonne à l’inverse que les musulmans crétois ou « Turco -Crétois » émigrés en Turquie qu’il a interrogés ne mentionnent jamais ni le boulgari ni le style musicial qui lui est associé, les « tambachaniotika ».

En Anatolie 

Le terme « bulgari » est peu usité aujourd’hui en Turquie où on ne le retrouve que dans quelques ouvrages.

Mais du temps de l’Empire ottoman il désignait à Constantinople et en Anatolie, un instrument de petite taille décrit par le Turc Ali Riza Yalgin en 1940 dans son ouvrage « Cenupta Turkmen Çalgilari » (Adana, 1940). Le bulgari saz d’Anatolie est cité dans d’autres sources mais Yalgin est un des seuls à le décrire. Cette description est donc particulièrement précieuse car elle permet de connaître la différence entre le boulgari crétois et ce « bulgari saz » d’Anatolie homonyme.

Selon Yalgin l’instrument appelé bulgari saz en Anatolie possède  quatre chevilles et devait donc à l’origine posséder quatre cordes mais il en existe à deux cordes et certains instruments à quatre chevilles présentaient des cordes manquantes lors des observations qui ont pu en être faites. Yalgin indique que l’instrument était présent dans le sud chez les nomades Yürüks ; il semble commettre un anachronisme en supposant des contacts de ces tribus dans le Taurus 1000 ans auparavant avec les proto-Bulgares  pour justifier à tout prix et sans aucune assise historique, le nom de l’instrument. Son ouvrage est cité par Laurence Ernest et Rowland Picken dans « Folk musical instruments of Turkey », publié en 1975, page 278. L’ouvrage de Picken étant considéré comme une référence, les hypothèses de Yalgin, vraies ou fausses,  sont souvent reprises telles quelles dans d’autres ouvrages,  sans vérifier si sa description correspond à celle des autres instruments homonymes (taille, jeu, accord, type de plectre, emplacement de l’ouïe). Contrairement à ce que certains souhaitent lui faire dire, Yalgin (qui s’est limité à l’Anatolie) ne prétend pas que tous les instruments des Balkans et du Proche Orient portant le nom de bulgari ou un nom similaire proviennent de ces tribus. Dans son livre « Musiques de Turquie » (Actes Sud) qui constitue une étude minutieuse, Jérôme Cler ne mentionne pas l’existence du bulgari aujourd’hui en Anatolie.

Les services du Ministère de l’éducation nationale turc chargés de la lutherie, reprennent la description de Yalgin, et confirment que le bulgari saz d’Anatolie comportait 2 ou 4 cordes (MİLLÎ EĞİTİM BAKANLIĞI MEGEP – MESLEKÎ EĞİTİM VE ÖĞRETİM SİSTEMİNİN GÜÇLENDİRİLMESİPROJESİ – MÜZİK ALETLERİYAPIMI (…) :  » (…) BAĞLAMA YAPIMI İÇİN ÖN HAZIRLIK ANKARA 2007 – « Bulgarı 4 teli olduğu gibi iki telli olanlarına da rastlanır. 16 perdelidir. Güneyde ve Kayseri yöresinde görülür. Curaya yakındır. »)

D’autres ouvrages turcs reconnaissent l’existence d’un instrument semblable en « Roumélie » (région  correspondant au nord de la Grèce et au sud de la Bulgarie) – İstanbul ansiklopedisi : dünden bugüne, Kültür Bakanlığı, Türkiye Ekonomik ve Toplumsal Tarih Vakfı – 1994 – page 130.

Les Turcs désignent la famille des luths à manche long sous le terme de « saz » qui est également d’origine persane et kurde (le kurde étant classé parmi les langues iraniennes occidentales) ; en réalité cette famille est très similaire à celle que les Grecs nomment les « tambouras », où à celle que les savants de Napoléon nommaient « tanbours ». En général (mais pas toujours) les tambouras grecs restés étrangers à l’évolution du bouzouki moderne n’ont pas plus de trois doubles cordes alors que la plupart des saz en ont sept ; en outre l’ouïe des tambouras grecs se trouve le plus souvent sur la table d’harmonie ou sur les côtés et non  à la base comme sur les saz. L’Etat turc a même entrepris depuis le XXe siècle une politique d’enseignement et de diffusion du saz afin d’en faire l’instrument national turc (ce qui a popularisé le terme « saz » dans le monde entier au détriment de celui de « tanbour » – aujourd’hui en Turquie  le « tanbur » désigne un instrument d’un type particulier, à la caisse hémisphérique, ainsi que le tanbour kurde, qui est de la famille des tambouras). Le saz est l’instrument des alévis, minorité religieuse syncrétique qui composerait 20% de la population de Turquie.

A noter que le grec, comme le persan ou le kurde, appartient à la famille des langues indo-européennes.

Sur la la bibliographie : il convient de souligner que pour des raisons idéologiques, les musicologues grecs et les musicologues turcs (ou ceux qui prennent leurs positions pour argent comptant), ont souvent été marqués par un regard excessivement ethnocentré. Il existe une tendance chez certains auteurs grecs à tout ramener uniquement à l’antiquité, sans considérer les évolutions ultérieures. Mais il existe aussi une tendance chez certains auteurs turcs, à considérer comme « turc » tout ce qui est commun aux cultures des peuples de l’ancien Empire ottoman, et à toute ramener aux origines centre-asiatiques des premiers conquérants turcs de l’Anatolie. Le but étant d’identifier leur généalogie auxdits conquérants plutôt qu’aux populations conquises, et d’expurger de la culture turque les éléments arabo-persans ou byzantins – à propos des conceptions de l’idéologue turc Ziya Gökalp et du musicologue turc Mahmut Ragip Gazimihal, l’ethnomusicologue O’Connell écrit : « This new history highlighted the Turkic origins of Turkish culture since it emphasized a Central Asian heart and circumvented a Middle Eastern focus (see O’Connell 2005a) » in « Alaturka: Style in Turkish music », John Morgan O’Connell, 2016 page 55 et « Turkish musicology reflected the contemporary concern with the origin of Turkish culture. (…) the nationalist perspective looked to Central Asia as a way of legitimating its own conception of a national style »  ibid page 74.  Ces attitudes déforment notre vision de ce qu’était la culture des peuples de l’Empire ottoman jusqu’au début du 20ème siècle. En plus de leurs identités propres, ceux-ci partageaient des traits culturels communs (il n’y a qu’à regarder l’architecture d’une église orthodoxe grecque à coupole, et les mosquées ottomanes construites après la conquête ottomane, parfois sur d’anciennes églises). Il n’est pas rare que l’origine ethnique de ces caractéristiques communes soit difficile à déterminer avec précision : de nombreux éléments étaient désignés par des mots d’origine arabo-persane qui se sont introduits aussi bien dans la langue grecque que dans la langue turque (comme le montrent notamment les dictionnaires franco-turcs du 19ème siècle), celle-ci était en constante progression en Anatolie au sein des populations de toutes origines ou croyances, et l’identité religieuse primait sur l’identité ethnique, déterminant jusqu’au nom des personnes (pour un point de vue grec intéressant sur la turquisation de l’Anatolie, lire « Οσμανλική πραγματικότητα » – Réalité osmanlie – en deux tomes, du grec stanbouliote Néoklis Sarris / Νεοκλής Σαρρής,   éditions Αρσενίδης, ou encore « The Decline of Medieval Hellenism in Asia Minor and the Process of Islamization from the Eleventh through the Fifteenth Century »  de Speros Jr. Vryonis, ACLS Humanities, 2008).  – Ajout août 2017.

Style musical, jeu

Le boulgari crétois se jouait dans les centres urbains de Crète – Rethymno, Chania.

Il était utilisé dans plusieurs registres musicaux et pouvait accompagner la lyre crétoise, rôle généralement dévolu au luth crétois (kritiko laouto).

Il constituait l’instrument du style musical nommé « tambachaniotika ».

Le dernier grand joueur de « tambachaniotika »du XXe siècle était Stélios Foustaliérakis (ou Foustaliéris) :

http://blog.mantinades.gr/2009/08/16/stelios-foustalierakis-i-foustalieris/#more-1518

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Ci-dessus : enregistrement de 1940 – chanson de Giannis Bernidakis avec Stélios Foustaliéris au Boulgari crétois. Malgré l’ancienneté de l’enregistrement, le son de l’instrument se distingue et se rapproche du Boulgari de Laïnakis.

Après une période de quasi-oubli, l’instrument connaît un regain d’intérêt sous l’impulsion de jeunes musiciens tels Léonidas Laïnakis.

Autres joueurs de boulgari crétois :

– Karolos Kouklakis : http://www.myspace.com/karoloskouklakis

– Kostis Avissinos : http://www.youtube.com/watch?v=HnmuehV0OMI

Plusieurs luthiers réalisent des boulgaris crétois, tel Antonis Stéfanakis (http://www.stefanakis-antonis.gr).

La famille Laïnakis (le père Stélios Laïnakis qui a réalisé plusieurs boulgaris, et son fils Léonidas Laïnakis, avec lequel nous avons choisi d’ouvrir cet article) demeure fidèle au style de Foustaliéris et tente de préserver la spécificité du boulgari crétois en insistant sur son jeu très particulier.

Certains luthiers grecs réalisent au contraire, depuis la fin du 20e siècle, des instruments qu’ils nomment également « boulgari » dans un style personnel qui selon certains s’éloigne cependant des boulgari crétois par le son, le plectre utilisé voire le nombre de cordes.

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*Le tambouras

En Grèce le boulgari crétois est donc classé dans la famille du tambouras (en grec « ταμπουράς ») – le nom de tambouras, qui serait d’origine persane, se serait substitué vers la fin du Moyen-âge, au contact des Grecs avec les Perses, au nom de pandouras qui a désigné divers instruments à cordes tout à la fois dans l’antiquité et au Moyen-âge (infra). Le terme de tambouras est ensuite devenu un terme générique pour désigner de nombreux instruments.

Tambouras  sur une peinture murale des années 1500, Monastère de Koutloumousiou au Mont Athos :

Tambouras sur une peinture murale des années 1500, Monastère de Koutloumousiou au Mont Athos

Tambouras sur une peinture murale des années 1500, Monastère de Koutloumousiou au Mont Athos

Tambouras sur une peinture murale du XVIIIe siècle (au centre), Monastère de Fanéroméni, Salamine : 

Tambouras sur une peinture murale du XVIIIe siècle (au centre), Monastère de Fanéroméni, Salamine

Tambouras sur une peinture murale du XVIIIe siècle (au centre), Monastère de Fanéroméni, Salamine

Les échanges entre Grecs et Persans ont joué un rôle fondamental dans les noms des instruments à partir de la fin du Moyen-âge.

Dans la « Description de l’Égypte, ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l’expédition de l’Armée française » Volume 13 (éd. Charles Louis Fleury Panckoucke avec la contribution de Villoteau), les savants français décrivent, le « tanbour bouzourk » – en persan « grand tamboura » – comme un instrument à 25 touches et six cordes (page 279). L’instrument fait immanquablement penser à l’actuel bouzouk / buzuq arabe, lui-même proche du bouzouki grec* :

« Tanbour Bouzourk »  reproduit dans la « Description de l’Egypte »

Les premiers bouzouki grecs comptaient également 25 touches et six cordes (plus précisément, trois « doubles cordes »)… La plus grande différence étant que sur le « tanbour bouzourk » décrit dans la « Description de l’Egypte », les accords  sont disposés différemment : la corde du bas est la plus grave, au milieu deux cordes plus aigües sont accordées à l’unisson, et les trois cordes du haut sont accordées à l’unisson (alors que sur les bouzouki grecs les cordes sont toutes accordées par paires). Cela conforte l’origine persane du terme « bouzouki », le « tanbour bouzourk » grécisé (et ce d’autant plus que les Grecs utilisaient également le mot « tambouras » pour décrire les luths à manche long), plutôt que l’hypothèse bancale qui le voudrait issu d’un autre terme signifiant « cassé »…

Les contacts des musiciens grecs et persans existaient depuis l’antiquité, en passant par l’Empire romain d’Orient, et n’ont pas été ralentis par l’expansion arabe. Ibn Khaldoun dans son « Histoire des Arabes », citée dans « l’Histoire générale de la musique depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours », écrit en parlant des Arabes : « en devenant les maîtres des trésors de la Grèce et de la Perse, ils prirent le goût des plaisirs de la vie, et devinrent policés et raffinés. Alors, des musiciens et chanteurs grecs et persans s’expatrièrent dans l’Hedjaz, et se mirent au service des Arabes. » (l’Histoire générale de la musique depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, Paris 1869, de François-Joseph Fétis, page 34). Les savant arabes croyaient même que les Grecs étaient les inventeurs de l’Oud, qu’on attribue aux Arabes (ibid).

Il ne faut pas non plus oublier que le kurde est une langue persane. Or les Kurdes nomment « tanbur » un instrument qui par son aspect extérieur ressemble aux tambouras grecs.

Le tamboura est cité dans la littérature grecque du moyen âge, notamment sous son nom médiéval entre les mains du héros Digenis Akritas dans l’épopée du même  nom qui fait référence à une période comprise entre le IXe siècle et le XIe siècle :

« Και αφότου αποδείπνησεν, εμπαίνει εις το κουβούκλιν

και επήρεν το θαμπούριν του και αποκατάστησέν το. »

« Quand il eut fini son souper, il rentra dans sa chambre

et prit son tambouras, (forme médiévale thambouri) et l’accorda. »

Digenis Akritis, Escorial version, vv. 826-827, ed. and transl. Elizabeth Jeffreys

Ou encore, dans certaines chansons du Xe siècle, comme cette chanson grecque pontique :

« …Οξέαν ξύλον έκοψεν, της δάφνης την καρδίαν,

ταμπούραν εκατόρθωνεν, ταμπούραν κατορθώνει,

οφείδια κόρδας έβαλεν, στραφτάρας κοβατσούτσας…

τσάλια, τσάλια την ταμπούραν και κελαηδεί μαγείας… »

Ou encore dans les nombreuses chansons acritiques qui reprennent également la légende de Digénis Akritas

«…τζαι έπαιξεν ο ταμπουράς του κόσμου τες γλυκάες…» (in « Η αρπαγή της κόρης του Λεβάντη«  από το Διγενή Ακρίτα).

On trouvait déjà un type de tambouras en Grèce au Moyen-âge sous le nom de « pandoura » où il désignait tout à la fois un instrument à vent et un instrument à cordes (Nikos Maliaras, Byzantina mousika organa, EPN 1023, ISΒN 978-960-7554-44-4 page 92 ; Elizabeth Jeffreys,John Haldon,Robin Cormack, The Oxford Handbook of Byzantine Studies, Oxford University Press, 2008, p928, et infra). Le même mot était utilisé dans l’antiquité, et l’est encore aujourd’hui pour désigner des instruments à cordes en Géorgie (voir infra, en bas de page).

Dans « Scènes et récits des guerres de l’indépendance: Grèce moderne », Paris, 1869, Par Eugène Yéméniz, (page 17) le tamboura est décrit comme une « sorte de guitare à trois cordes, dont les paysans grecs se servent pour accompagner leurs chants et leurs danses. »

Dans son « Dictionnaire de musique, Volume 1 »  Paris 1839, Peter Lichtenthal,Dominique Mondo cite « la tamboura » comme un instrument « qui a la même grandeur que la mandoline mais avec une touche plus longue » (page 491), parmi les instruments grecs avec la lyre, le luth.

La « revue de Paris » (Paris 1854), volume 21, Page 101, décrit très bien la  » tamboura comme « une sorte de guitare commune aux Grecs et aux Slaves. »

Une idée reçue voudrait que le terme « bouzouki « ait été introduit en Grèce par les réfugiés d’Asie mineure dans les années 1920 alors qu’il existait déjà des instruments nommés bouzouki dans la région d’Athènes au XIXe siècle (voir Ο ταμπουράς του Μακρυγιάννη και η οργανοποιία του Λεωνίδα Γαΐλα, Φρονιμόπουλος, Νίκος, Ιστορική και Εθνολογική Εταιρεία της Ελλάδος. Εθνικό Ιστορικό Μουσείο – 2010 – SBN: 960-6812-11-1, 130 pages). Dans ses « Souvenirs d’une mission musicale en Grèce et en Orient » (éd. J. Baur, Libraire-éditeur, 1876), Louis Albert Bourgault-Ducoudray décrit déjà des bouzoukis grecs, de façon assez surprenante : « Le Bouzouki est un instrument populaire en Grèce. C’est une espèce de mandoline dont le manche est fort long et dont la caisse a la forme d’une coque de navire. Les divisions du manche correspondent aux tons et aux demi-tons de l’échelle européenne, excepté dans sa partie supérieure qui est destinée à la musique étrangère et divisée en tiers de ton. »

En revanche il semble bien qu’en Grèce, dans les décennies qui ont précédé l’arrivée des réfugiés d’Anatolie, ces instruments aient été délaissés au profit d’autres comme la mandoline et la guitare.

Comparé au tambouras le bouzouki tel qu’il a évolué au 20e siècle est un instrument moderne et récent : il possède des frettes fixes au lieu des frettes amovibles du tambouras ; il est doté de mécaniques modernes comme la mandoline au lieu des chevilles en bois du tambouras. En bref, il est technologiquement plus évolué. Sa conception accroit cependant la tension de ses cordes ce qui lui confère un son plus sec. L’autre différence est, pour simplifier, que le bouzouki est fretté de façon à correspondre aux gammes occidentales (nées de la renaissance italienne) ; c’est un instrument dit « tempéré » alors que le tambouras est plus adapté à une musique ancienne, qui fut toujours celle des Grecs avant l’introduction du solfège italo-germanique en Grèce, et qui connait des intervalles plus variés (voir notre article sur la musique grecque du Moyen-âge).

La famille des « tambouras » présente une dimension régionale et transnationale ; aucun peuple moderne ne peut vraiment en revendiquer la source ; mais chacun la fait vivre sous ses déclinaisons propres. Elle correspond également à un certain stade d’évolution technique, auquel de nombreux musiciens reviennent aujourd’hui.

 

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*La Pandoura/le Pandouris antique : essais de reconstitution

Dans l’antiquité deux ou trois termes ont pu désigner, en Grèce, des instruments à manche et à trois cordes. Selon le Bailly (dictionnaire de référence grec ancien / français) :
πανδούρα, ας (η) ou πάνδουρον, ου  (το) : pandore, instrument de musique à trois cordes (Ath, 183 f); v. φάνδουρα. A donné πανδουρίζω (jouer de la pandore, Lampr Hel. 32). Et πανδουριστής (joueur de pandore, EUPHOR. Ath. 182e). A ne pas confondre avec Πανδώρα (Pandôra, Pandore, la première femme, et l’adjectif πάνδωρος, ος, ον « qui donne toute sorte de présents, bienfaisant fécond »). Cet instrument aurait été considéré comme populaire et vulgaire, par opposition aux différentes formes de harpes, beaucoup plus prisées;
τρίχορδο (mot à mot « trois cordes ») : instrument de musique à trois cordes (Clém, Str, 1, p 363). Ce nom est encore donné au bouzouki à trois doubles cordes (τρίχορδο) ce qui le distingue du bouzouki à quatre doubles cordes (τετράχορδο).

La langue grecque a connu, pour désigner des luths à manche long, les termes suivants : πανδούρα, φάνδουρα, θαμπούρα/θαμπούρι, ταμπουράς (en français : pandoura, fandoura, Thamboura/Thambouri, tambouras). La parenté des termes est frappante de même que la similitude du principe de base (trois cordes ou trois doubles cordes, une caisse de résonance et un long manche), sans que cela signifie qu’il s’agisse exactement des mêmes instruments d’un point de vue purement technique – ce qui serait du reste surprenant en 2000 ans d’histoire et d’évolutions technologiques.

Pandouris antique reconstitué par le luthier chypriote Michalis Georgiou (http://www.terpandros.com/) avec un certain nombre de composants modernes et des frettes destinées à en faciliter le jeu et à l’adapter aux gammes occidentales:

Pandouris antique reconstitué par le luthier chypriote Michalis Georgiou (http://www.terpandros.com/) avec un certain nombre de composants modernes et des frettes destinées à en faciliter le jeu et à l'adapter aux gammes occidentales:

Pandouris antique reconstitué par le luthier chypriote Michalis Georgiou (http://www.terpandros.com/) avec un certain nombre de composants modernes et des frettes destinées à en faciliter le jeu et à l’adapter aux gammes occidentales

Autre reconstitution de Pandouris, comportant également un certain nombre de composants modernes (musée Chalkias, http://lakischalkias.gr/mouseio.html)

Autre reconstitution de Pandouris, comportant également un certain nombre de composants modernes (musée Chalkias, http://lakischalkias.gr/mouseio.html)


Ci-dessous, au centre : Muse jouant de la pandoura (le manche est brisé) – détail d’une base sculptée de statue, découverte à Mantinée. Vers 320 av. J.-C., Athènes, Musée Archéologique National.
A gauche et à droite, autres représentations d’instruments à cordes et manche, dans l’art grec (images rassemblées par SHLOMO PESTCOE pour son site http://www.shlomomusic.com/).

 Muse jouant de la pandoura (le manche est brisé) - détail d’une base sculptée de statue, découverte à Mantinée. Vers 320 av. J.-C., Athènes, Musée Archéologique National.

Muse jouant de la pandoura (le manche est brisé) – détail d’une base sculptée de statue, découverte à Mantinée. Vers 320 av. J.-C., Athènes, Musée Archéologique National.

Autre représentation d'instrument à cordes et manche, dans l'art grec (images rassemblées par SHLOMO PESTCOE pour son site http://www.shlomomusic.com/)

Autre représentation d’instrument à cordes et manche, dans l’art grec (images rassemblées par SHLOMO PESTCOE pour son site http://www.shlomomusic.com/)

Autre représentation d'instrument à cordes et manche, dans l'art grec (images rassemblées par SHLOMO PESTCOE pour son site http://www.shlomomusic.com/)

Autre représentation d’instrument à cordes et manche, dans l’art grec (images rassemblées par SHLOMO PESTCOE pour son site http://www.shlomomusic.com/)

Autre reconstitution :

Autre reconstitution

Autre reconstitution

A Rome : 

Période romaine.

Période romaine.

Haut Moyen-âge : Mosaïque du VIe siècle après Jésus-Christ, Constantinople (image scannée par le site http://www.rebetiko.gr) – deux à trois siècles après, le terme « Pandoura » tend à disparaître pour désigner les luths à manche long, au profit du « Tambouras » que l’on retrouve sous la forme « Tanbour » chez les Kurdes : 

Haut Moyen-âge : Mosaïque du VIe siècle après Jésus-Christ, Constantinople (image scannée par le site http://www.rebetiko.gr) – deux à trois siècles après, le terme « Pandoura » tend à disparaître pour désigner les luths à manche long, au profit du « Tambouras » que l’on retrouve sous la forme « Tanbour » chez les Kurdes

Pandouri georgien (Rustavi ensemble) :

Pandouri georgien (Rustavi ensemble)

Pandouri georgien (Rustavi ensemble)

 

PL

 * relecture et ajout du buzuq arabe septembre 2020

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Publié dans δ / Musique Μουσική
9 comments on “Le boulgari crétois, le tambouras et le bouzouki : présentation et recherche bibliographique – Το κρητικό μπουλγαρί, ο ταμπουράς και το μπουζούκι : παρουσίαση και βιβλιογραφική έρευνα
  1. […] qu’il s’agisse d’un instrument traditionnel, le luth grec (comme le bouzouki) est, de nos jours, un instrument moderne et, d’une certaine façon, hybride. La plupart de […]

  2. Pilou G dit :

    bravo pour votre passion développée, très documentée et hors clichés de toutes sortes sur cet instruments et tout ce qui s’y rattache, c’est dire … 🙂

  3. Abel A dit :

    Bonjour, j’ai partagé votre article sur le groupe « Rencontres Balkaniques et Orientales » et sur mon profil sur facebook. C’est un sujet qui m’intéresse fortement. Je souhaite partir une année l’année prochaine en Grèce et j’ai vu des cours de tamboura qui pour moi était un instrument bulgare. A première vue, le tamboura grec ressemble plutôt à un saz/baglama turc

  4. Bonjour. Pour moi le tambouras est plus une famille d’instruments qu’un instrument unique. Aujourd’hui quand un vendeur d’instruments de musique grec parle de tambouras, c’est en général pour désigner un instrument à trois doubles cordes, et une ouïe centrale (comme sur le tanbour kurde, mais d’un diamètre plus grand), avec des frettes mobiles ; parfois, avec une corde de basse supplémentaire (la bourgana). En Turquie l’instrument nommé baglama saz ressemble à la version à 7 cordes avec une ouïe positionnée différemment. Si j’ai fait ces recherches, c’est après avoir constaté qu’on ne pouvait pas résumer les choses en une seule phrase, et qu’on avance en terrain miné, tant chacun essaie de tirer la couverture à lui. Depuis, j’ai renoncé à simplifier. 🙂 Merci beaucoup et bonne journée.

  5. En complément de ma réponse, ce qui différencie les instruments de ces régions ce n’est pas seulement leur forme, le nombre de cordes, etc. mais le système musical dans lequel ils s’inscrivent ; pour ceux qui préfèrent un instrument utilisant les tons et demi-tons de la musique occidentale, le plus simple est de ne pas s’orienter vers un tambouras grec ni vers un baglama saz, mais plutôt vers un instrument slave ou vers le bouzouki grec (à trois doubles cordes si on cherche d’emblée une sonorité un peu « orientale » – pour les oreilles occidentales – permettant d’aborder facilement un répertoire comme le Rébétiko des origines, ou à quatre doubles cordes si on veut pouvoir jouer plus facilement un peu tout). C’est juste mon avis. Dans un autre registre, il y a aussi les luths grecs à frette fixe (laouto).

  6. Abel A dit :

    Merci pour toutes ces précisions et pour vos recherches qui posent bien des jalons pour se repérer. Je vais à Athènes pour des études anthropologiques et ethnomusicologiques et j’imagine que c’est donc le système non occidental qui sera étudié, qui m’intéressent personnellement beaucoup plus également. Je suis très intéressé par les mouvements inter-culturels, les transferts d’une région à une autre et effectivement les théories qui ont été retenues, ce sont les théories idéologiques des forces politiques qui ont dominé. Dernièrement, depuis deux siècles, les nationalismes qui ont fait un effort pour thésauriser des folklores nationaux. Et cette idéologie prédomine encore aujourd’hui pour beaucoup d’autant plus qu’elle est véhiculée par les médias et un certain nombre d’institutions régionales ou nationales pour la « sauvegarde du folklore » et cela au détriment de ce qui ne rentrerait pas parfaitement dans des cases préétablies. Pour finir, voici un tatar du Dobrogea roumain qui joue du saz (en tout cas c’est ce qui est indiqué ). Le saz n’est pas du tout connu pour être utilisé par les tatars ou les turcs en Roumanie. D’ailleurs il est assez difficile de trouver des informations sur les musiques des minorités ethniques de cette région. https://youtu.be/4UhNa6r3sMY

  7. Pour le saz de ce Tatar je ne sais pas : de nos jours tout le monde peut jouer de tout, sans que cela soit nécessairement attaché de façon traditionnelle à la région où il vit. Pour l’Anatolie ce qui complique les choses, c’est que jusqu’au début du 20ème siècle y vivaient Turcs, Kurdes, Grecs, Arméniens, Assyro-chaldéens, Arabes (dans le sud), roms, etc. Je trouve dommage que l’on commette des anachronismes à ce sujet, en attribuant tout aux uns ou aux autres. Il y a deux systèmes différents du système tonal occidental en Grèce. Un petit article sur le sujet est prévu pour les mois qui viennent sur le blog ; je ne sais pas pour quand exactement. Bonne soirée

  8. ll serait utile que la critique du biais idéologique s’applique à tous. J’ai quand même l’impression qu’on ne l’applique qu’à quelque-uns.

  9. Pilou Gu... dit :

    Bonjour, merci à vous 2 pour vos commentaires avisés et qui sonnent si juste d, tant musicalement qu’humainement .

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